Les sièges, la peinture, les lattes du parquet, les tribunes. En 25 ans rien n’a changé ou presque. A l’époque, la salle Jazine avait grondé, tremblé puis pleuré lorsque Boris Diaw et les U18 avaient privé la Croatie du titre européen, au terme d’une finale légendaire. Les bouillants ultras du groupe Tornado n’étaient sans doute pas nés en 2000 mais le souvenir a été entretenu et c’est dans ce coupe gorge d’un autre âge que les basketteurs au damier avaient décidé d’abattre leur dernière carte, pour ne pas rater l’EuroBasket, une première après 14 participations consécutives depuis 1993.
Un public en feu pour provoquer la folie, l’irrationnel. Les deux éléments pour sauver une équipe nationale au bord du vide. Un pari qui prenait tout son sens dans les premières secondes quand la foule entrait en transe sur un dunk de Luka Samanic et un tir primé de Jaleen Smith. Pas de quoi, pourtant, déstabiliser des Bleus imperturbables dans la mise en place et supérieurs athlétiquement. Trois dunks en quatre minutes avaient tôt fait de faire descendre les décibels et Frédéric Fauthoux ouvrait son banc pour y trouver instantanément de l’efficacité, à l’image du duo Massa-Makoundou à l’intérieur.
A deux minutes de la fin du premier quart-temps les Bleus s’étaient donnés de l’air (18-9) et pouvaient regretter quelques moments d’absence sur les transmissions de balles. Des imperfections qu’exploitait Mario Hezonja, bien tenu mais assez roublard (et protégé) pour aller chercher sur la ligne ce qu’il ne trouvait pas dans le jeu (8 points). Le one-man-show se poursuivait dans la période suivante avec en lieutenant l’ancien NBAer Samanic. La France, elle, se reposait sur la qualité de ses lignes arrières mais sur un air de déjà-vu, elle dilapidait une deuxième fois une avance de neuf unités (32-23). Les mêmes causes (les balles perdues) produisaient les mêmes effets (le scoring d’Hezonja) et au moment de retourner aux vestiaires tout était à refaire en dépit d’une impression d’une certaine maîtrise (37-35).
Un 12-1 autoritaire en quatre minutes contribuait cependant à dissiper les doutes et les quelques volutes de fumée apparues pendant la mi-temps. Avec un exécuteur des hautes œuvres un Amine Noua missionné sur Hezonja d’un côté du terrain et d’une adresse redoutable de l’autre. Patiemment, intelligemment, les Bleus faisaient voyager le ballon pour trouver des décalages et punir des hôtes n’existant plus, désormais, qu’à la faveur de quelques lancers-francs.
L'écart montera à +15 (55-40) avant un nouveau coup de chaud d'Hezonja, étoile solitaire mais éblouissante d'une Croatie qui ne survit que grâce à son talent. Au rayon des scoreurs patentés, Elie Okobo se pose également comme un sérieux client et, tout en douceur, relevait le gant, maintenant un matelas de sécurité suffisant pour ne pas trembler. A deux minutes de la fin un terrible frisson parcourait le banc tricolore sur une interception de Samanic et un trois-points de Smith (+4) mais Yoan Makoundou sortait du banc pour un panier plus la faute décisif et Hezonja laissait filer la balle de match.
Avant de rallier Orléans où elle affrontera la Bosnie-Herzégovine, les Bleus pourront donc passer une nuit paisible. Leur participation à l'EuroBasket 2025 est dans la poche, leur bilan toujours immaculé et leur collectif clairement en progrès.