Deux ans après ses débuts fracassants avec les Bleus en février 2023 (11 points à 5/5 aux tirs), Bodian Massa a repris le fil de son histoire internationale sans en changer le thème. A Zadar, dans la bouillante salle Jazine, le Marseillais n’a rien gâché, terminant avec la meilleure évaluation de son équipe (18) grâce à ses 10 points, 7 rebonds et 2 passes, une nouvelle fois sans rien rater (4/4). "Je n’y pense même pas", sourit-il à l’évocation de cette réussite au plus que parfait. "On est venu me le dire mais ce n’est pas quelque chose à laquelle tu réfléchis en rentrant dans un match." Le capitaine Andrew Albicy est venu lui glisser un petit "monsieur 100%" avant de prendre l’avion pour Orléans et c’est aux autres que pense Massa à l’heure d’analyser son efficacité. "Avec des bons coéquipiers le plus dur c’est de se retrouver dans le bon spot, la bonne situation. Ensuite c’est à moi de finir de la meilleure des manières."
Parfaitement servi près du cercle, le pivot a fait dans la sobriété, enchaînant les hooks pour s’offrir une soirée mémorable et confirmer son évolution. Passé de Fos à Strasbourg à Bourg à Manresa (Espagne) en l’espace de trois ans, Bodian Massa s’est installé dans une équipe du top 8 espagnol (5,9 pts, 5,7 rbds en 18 minites) et franchi un nouveau cap, à 27 ans. "J’ai progressé, j’ai pris en maturité", estime-t-il. "Le fait de jouer à l’étranger te met dans des conditions pas forcément confortables. Moi qui ai l’habitude d’avoir des cadres bien définis, des entraîneurs et un entourage que je connais. Là c’est un autre contexte. Et Manresa est une équipe qui joue avec énormément d’intensité et tout cela m’a permis de grandir." Lorsque Vincent Poirier a dû renoncer, sur blessure, c’est vers son ancien joueur que s’est tourné Frédéric Fauthoux. "Cela faisait un moment que je n’avais pas été sélectionné mais j’ai été partenaire d’entraînement. Je ne sais pas si c’est la faute des blessures ou le fait que je ne sois pas assez performant. Mais j’essaye de gratter ma place. Je suis à l’aise. Le basket c’est une bénédiction. Peu importe que je sois appelé directement ou pour un remplacement, c’est une bonne chose et je suis toujours prêt."
Sur le papier, le défi est immense. L’Équipe de France regorge de solutions à l’intérieur (Victor Wembanyama, Alexandre Sarr, Mathias Lessort, Vincent Poirier, entre autres) mais un passé pas si lointain a démontré que des renoncements ou des blessures ont ouvert des portes à des joueurs pas forcément partis avec un temps d’avance. "Quand on voit le talent des autres joueurs… ça peut nous faire rougir", développe humblement Massa. "Moi je suis plutôt du genre à saisir les opportunités qui se présentent. Je suis patient, je bosse et je ne suis pas quelqu’un qui va à attendre la chute des autres. Je suis content lorsqu’ils performent. Et ça me donne une échelle de valeurs pour mesurer le niveau auquel je dois arriver pour prétendre à la sélection." Une philosophie empreinte de sagesse et qui, pour l’heure, porte pleinement ses fruits.