A la lecture du tirage au sort des Jeux Olympiques de Paris 2024, l’Équipe de France avait compris qu’elle aurait droit à un premier tour physique. Très physique. Canada, Australie, Nigeria, un tour du monde du basket avec comme point commun la dureté physique. Une dimension particulièrement présente chez les représentantes du basket africain, surprise de ce début de tournoi après leur autoritaire victoire sur l’Australie en ouverture. Les Françaises étaient donc méfiantes, d’autant plus qu’il y a deux ans, lors des qualifications à la Coupe du Monde, elles avaient été surprises, à Belgrade par cette même équipe.
Mais depuis, Jean-Aimé Toupane a peu à peu imposé son style et modifié en profondeur son effectif avec six nouvelles joueuses. C’est cependant une cadre bien établie qui a lancé l’équipe. Gabby Williams est la garante du nouvel état d’esprit tricolore et a régné sur les premières minutes du match. Sa vision de jeu, ses anticipations défensives et sa création ont initié un 17-8 en tout juste cinq minutes. L’intégralité du cinq majeur avait contribué à alimenter le tableau de marque et l’Équipe de France semblait partir pour un cavalier seul.
En montant encore d’un cran son niveau de dureté, le Nigeria est toutefois parvenu à dérégler la belle machine, repoussant bien souvent les arrières loin du cercle. Deux flèches de Marine Johannès faisaient illusion mais c’est bien le champion d’Afrique qui imposait son rythme. Le Sud Soudan a Luol Deng, les États-Unis ont Grant Hill, le Canada David Blatt, la Serbie le vénérable Svetislav Pesic. Le Nigeria a confié son destin à une jeune femme de 32 ans, Rena Wakama, assistant-coach à Tulane en NCAA et qui a mené les D'Tigress au titre à l’Afrobasket l’an passé au Rwanda. Et malgré une organisation extra-basket qui laisse parfois à désirer, elle est parvenue à donner une identité forte à sa sélection.
Ezinne Kalu, Murjanatu Musa ou Amy Okonkwo ont sans doute séché les ateliers peinture et sculpture à l’école mais pas les cours d’éducation physique. D’un engagement et d’une intensité de tous les instants elles ont ramené leur équipe à hauteur (32-30) avant une nouvelle séquence de rêve de Gabby Wiliams à cheval entre le deuxième et le troisième quart-temps. En allant chercher ses points près du cercle et surtout en distribuant caviar après caviar sur jeu rapide, elle recreusait un écart significatif (49-35) et démontrait à quel point la course et la transition sont des éléments clés du jeu tricolore.
Élément plus aléatoire, l’adresse était également au rendez-vous et une poussée de fièvre de Marine Johannès permettait dans la foulée de dépasser la barre symbolique des 20 points (62-40). Jean-Aimé Toupane continuait de pianoter avec bonheur sur son banc de touche, offrant l’occasion aux 12 olympiennes de s’exprimer. Elles pouvaient quitter le parquet le sentiment du devoir accompli, en saluant un public sous le charme et en déposant quelques baisers à leurs proches venus les soutenir.
Après deux journées, les féminines, comme les masculins, sont qualifiés pour les quarts de finale. Et comme eux, elles viseront la première place de leur poule, dimanche soir, face à l’Australie. Avec comme objectif raisonnable de faire partie, des deux meilleurs premiers, leur point-average étant, pour l’heure, particulièrement favorable.