Quel état des lieux faites-vous du 3x3 en France à l’orée de la nouvelle olympiade ?
Depuis Tokyo, la copie est bonne. On a obtenu des titres de champions du monde chez les jeunes, en U18 masculin ou en U23 féminin, des titres de champions d’Europe. En sénior, il y a la magnifique médaille d’argent des garçons aux JO. Chez les filles, même si la contre-performance des Jeux fait terriblement mal au cœur, il ne faut pas occulter tout le reste. Les filles ont performé avant les Jeux et ont re-performé après. On peut rajouter ce qu’a fait 3x3 Paris, qui a atteint le sommet du 3x3 mondial (finalistes du World Tour). C’est exceptionnel. Aujourd’hui, le standard est de truster les podiums. On ne peut pas se contenter de ce qu’on a fait. Il faut regarder de l’avant et continuer à développer la performance du 3x3 français.
La FFBB a mis beaucoup de moyens sur le 3x3. Après l’arrêt de 3x3 Paris, quelles vont être les priorités ?
Effectivement, on a mis beaucoup de moyens parce qu’on avait vraiment cet objectif des Jeux. Aujourd’hui, la vocation d’une Fédération n’est pas de faire des équipes professionnelles. Maintenant, on souhaite que des projets soient impulsés dans d’autres villes et qu’ils prennent de l’ampleur. On fera ce qu’il faut pour les accompagner, pas seulement financièrement. Il y a encore trop peu d’expertise du 3x3 sur tout le territoire. On veut former des personnes. Si on veut que le 3x3 continue sa marche en avant, cela passera aussi par un encadrement de grande qualité.
Le développement du 3x3 va aussi passer par le Projet de Performance Fédéral (PPF), qui définit les politiques de formation…
C’est un projet d’ampleur. On a décidé que le 3x3 allait prendre toute sa place à l’intérieur du PPF. Ce ne sont pas simplement quelques lignes ajoutées à côté du 5x5. L’idée est de tracer une feuille de route qui va nous conduire jusqu’à Los Angeles 2028, et même jusqu’à Brisbane 2032. On doit se poser la question de l’acculturation au 3x3 sur toutes nos catégories, des plus petits jusqu’aux plus grands. À travers le PPF, on veut partager l’idée que le 3x3 est un outil puissant pour la formation du joueur et de la joueuse en général. Il y a beaucoup de parallèles à faire entre le rugby à 7 et le basket à 3. Quand Jérôme Daret (entraîneur de l’équipe de France de rugby à 7 championne olympique) explique qu’Antoine Dupont a un gaz monstrueux quand il revient du rugby à 7, cela doit parler à tout le monde. On a besoin de relais à l’intérieur des clubs, des gens proactifs. Or, le premier relai à l’intérieur du club, c’est l’entraîneur. Il faut qu’au cours de sa formation, l’entraîneur ait côtoyé au moins un peu de 3x3 et soit capable d’en mettre en place, ou même qu’il en ait la spécialité.
Quelles sont les formations spécifiques 3x3 pour les entraîneurs ?
Il y a le CS10 formule 3x3 à l’intérieur du D.E.T.B. (Diplôme d’Entraîneur Territorial de Basketball). Ce n’est pas suffisamment connu. Trop de personnes pensent qu’il faut valider tous les CS avant de pouvoir aller au CS 3x3. Avec le Pôle Formation et Emploi, on compte accélérer sur la formation des entraîneurs 3x3.
Toujours en lien avec le PPF, le projet d’un Pôle France 3x3 est à l’étude, à l’instar de ce qui existe dans le 5x5. Qu’en est-il concrètement ?
C’est un projet à moyen terme. Avant la fin de l’olympiade, l’idée est de démarrer avec un Pôle France masculin, qui permettra d’alimenter un futur secteur professionnel. Malheureusement il y a une réalité économique : le 3x3 masculin est beaucoup plus développé et rémunérateur que le 3x3 féminin au niveau international. Dès que le contexte le permettra, on emboitera le pas avec un Pôle France féminin. Des synergies avec le 5x5 sont possibles. On pourrait mutualiser certains moyens. À l’INSEP, il y a une bulle avec les terrains de 3x3. On pourrait partager une équipe médicale, un préparateur physique. Il faut y aller progressivement.
Quels autres projets sont dans les cartons afin de renforcer la culture 3x3 ?
On réfléchit aux meilleures solutions pour pouvoir implémenter du 3x3 tout au long de la formation du joueur. On veut le faire sur la base du volontariat, des U13 jusqu’aux centres de formation. Trois familles doivent cohabiter, les gens qui ne veulent faire que du 3x3, les gens hybrides entre les deux disciplines et ceux qui ne veulent faire que du 5X5. Peu de fédérations peuvent se targuer d’avoir deux disciplines qui peuvent cohabiter parfaitement et fonctionner en synergie.
Comment renforcer la place du 3x3 dans les parcours de formation ?
Dans les Pôles Espoirs, trois tournois 3x3 sont organisés par an au sein des Ligues. On veut faire en sorte que l’entraîneur et les joueurs s’approprient complètement la discipline au moment de préparer ces tournois. Ce dont je rêve, c’est qu’on arrive à un dernier rendez-vous national. Cela donnerait un peu de sel à la discipline. Ensuite, nos centres de formation forment exclusivement au 5x5. Or, les élus qui accèdent au monde pro sont rares. Ce serait génial qu’on puisse aussi sortir des futurs pros de 3x3 qui puissent s’éclater à un niveau international. Bien sûr, cela peut faire peur d’intégrer du 3x3 mais ce sont de véritables opportunités. On pourrait imaginer des sections 3x3 dans les clubs pros, qui pourraient briller sur le World Tour.
Les événements 3x3 organisés en France jouent-ils un rôle important dans le développement de la discipline ?
Bien sûr, des événements comme le Masters et le Women’s Series de Marseille, ont toute leur place. Ils susciteront peut-être des vocations chez les joueurs, les joueuses et les entraîneurs. La Superleague est aussi un événement qui pèse sur le territoire. Cela permet d’avoir de très jolis tournois en France et de donner envie de faire du 3x3.