Basket 3x3

Jennifer Beaudevin : « C'est une fierté de représenter mon pays »

Par Tom Thuillier|6 janv. 2025
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L’arbitre française Jennifer Beaudevin a récemment été promu en recevant la « Licence B » de la part de la FIBA 3x3. Une véritable fierté pour la native d’Epinal qui représentera l’arbitrage français au plus haut niveau international la saison prochaine.

Comment es-tu arrivé dans l’arbitrage ?

J’étais joueuse de basket et comme je râlais un peu sur le terrain je prenais quelques techniques. Mon club m’a alors demandé d’arbitrer sur des rencontres de jeunes qui n’étaient pas couvertes par des arbitres officiels. Finalement j’ai bien aimé, j’ai donc commencé à faire des formations arbitres et gravi les échelons. Concernant le 3x3, des tournois étaient organisés dans ma région l’été. J’ai tenté l’expérience car ça me permettait de rester connectée avec le basket pendant la période estivale. Dès mon premier tournois j’ai adoré !

Après des débuts coup de cœur tu as donc gravi les échelons au niveau national et international. Comment fait-on pour officier sur des évènements majeurs du calendrier 3x3 ?

Pour être arbitre (aussi appelé Ref dans le 3x3) sur le circuit national « Superleague 3x3 FFBB », il faut être envoyé par sa ligue sur le stage national.  C’est à l’issue de ce stage que tu peux être sélectionné pour intégrer le circuit la même année. Du côté de la Fédération Internationale de Basketball (FIBA), c’est le rôle de ta fédération d’origine donc la Fédération Française de Basketball (FFBB) de te sélectionner et t’envoyer au concours FIBA 3x3. Ce concours se déroule généralement à l’étranger, il se compose d’une évaluation sur le terrain par un instructeur FIBA ainsi que deux examens écrits. Pour être sélectionné par ta fédération il faut avoir une expérience solide au niveau national et avoir officié sur plusieurs Opens de France (la finale du circuit national « Superleague 3x3 FFBB ») dans notre cas.

Il y a-t-il plusieurs « grades » pour les arbitres ? Comment êtes-vous classés ?

En France l’année dernière il y avait deux groupes au niveau des Refs 3x3 au niveau national : le Groupe A et le Groupe B. J’appartenais au Groupe A mais j’étais également « Crew Chief » ce qui signifie que je suis également là pour évaluer et driver les Refs sur différentes étapes de la Superleague en France. Au niveau international (FIBA 3x3) il y a trois groupes de licences : A, B et C. Lorsque tu réussi ton examen d’entrée tu es automatiquement en licence C et pour la saison 2025 je viens d’obtenir ma licence B qui me permet d’arbitrer sur toutes les compétitions internationales 3x3 !

Beaucoup de gens parlent du 3x3 comme une discipline à part. Qu’est ce qui diffère entre arbitrer du 5x5 et du 3x3 ?

En basketball 5x5 les matchs sont plus longs, avec plus de temps d’arrêt et on officie sur un terrain classique donc on va être davantage en mouvement avec des courses et des changements de direction. Les attaques vont également être plus longues donc le jeu plus posé plus calme. Au 3x3 les rencontres sont plus courtes et plus intensives car il n’y a pas de temps d’arrêt. Étant donné que le temps de jeu est réduit nous avons moins le droit à l’erreur car cela peut vite avoir plus d’impact sur l’issue d’un match.

Dans le basket classique comme le 3x3 les arbitres sont assez souvent pris à parti par les joueurs et les coachs, comment gérer cette pression mentale ?

Il faut savoir rester calme en toutes circonstances et rester concentré sur notre job, qui est d’accompagner et de faciliter le jeu pour les joueurs. L’arbitrage est une école de vie, elle t’apprend à évoluer et gérer tes émotions. Si nous sommes pris à parti, Il faut également savoir prendre du recul et faire la différence avec la personne que tu es et l’arbitre qui pourrait être « attaqué ».

L’absence d’interactions entre le coach, ses joueurs et les arbitres est bénéfique de votre point de vue ?

Je pense que l’absence de coach sur le terrain en 3x3 permets surtout aux joueurs de se responsabiliser et d’être plus autonome. En ce qui concerne les échanges durant le match, ils sont très succincts car les secondes sont précieuses, les joueurs n’ont pas le temps de contester et de s’attarder sur une situation. Cela nous permet de tous rester concentrer et garder le rythme du match. Enfin, si nécessaire nous pouvons échanger avec coachs et joueurs en off après les rencontres.

Tu as disputé ta première Coupe du Monde U23 cet été et tu as arbitré la finale. C’est une fierté pour toi ?

Effectivement, j’ai arbitré sur la finale homme entre l’Allemagne et les États-Unis. C’est une fierté personnelle par rapport à tout le travail accompli jusqu’à présent, mais également une fierté de représenter mon pays et toutes les personnes qui me soutiennent.

Lors de tes déplacements as-tu le temps de visiter et profiter un peu ?

Ce qui est bien avec le 3x3, c’est que malgré les longues journées de compétition nous avons de nombreux temps de pause car les matchs ne durent que 10 minutes. Les terrains sont souvent situés à des endroits stratégiques comme au cœur des villes, ce qui nous permet d’avoir accès à pied aux environnements et ainsi pouvoir visiter. Depuis 2022 j’ai eu la chance de pouvoir officier en Slovaquie, Hongrie, Grèce, Pologne, Kosovo, Espagne, Italie et Mongolie.

L’arbitrage demande certains sacrifices et notamment des déplacements fréquents. Est-il difficile de concilier vie professionnelle, vie personnelle et arbitrage ?

En effet, être arbitre c’est un choix de vie qui demande une grande organisation et des sacrifices. Mais les expériences et les aventures que l’on vit grâce au basket sont hors du commun et exceptionnelles que ce soit dans les salles de basket 5x5 ou dans les différents pays du monde où j’ai pu voyager grâce le 3x3.

 L’arbitrage français est-il reconnu au niveau international ?

En 5x5 nous avons de nombreux arbitres FIBA et Euroleague, je pense que nous avons largement fait notre place. En 3x3 Najib Chajidine est titulaire d’une Licence A et instructeur, c’est l’arbitre français qui officie au plus haut niveau international. Il a notamment officié aux Jeux Olympiques de Paris et sur la finale du World Tour cette saison. C’est un exemple pour nous les nouveaux Refs français et FIBA.

Penses-tu que d’avantage de français vont faire leur place au niveau international ?

Nous avons la chance d’être un territoire très actif au niveau de l’organisation d’événement ce qui permets le suivi et la monté en compétence des Refs qui travaillent et progressent saisons après saisons. Avec de la persévérance, j’espère que nous ferons davantage notre place sur la scène internationale.

Une anecdote un peu folle sur une compétition 3x3 ?

En 2023 nous avons vécu une demande en mariage lors du « Big Twelve », un tournoi international organisé à Voiron chaque année qui permets à de nombreuses équipes nationales de se jauger avant l’été. Ces moments nous rappellent le côté humain du sport.

Comment te prépares-tu lorsque tu arbitres des compétitions internationales ?

Je fais un scouting des équipes et je regarde leurs matchs sur les précédentes compétitions. Sur le plan personnel je reprends également les pistes de travail de mon précédent évènement pour progresser. Durant l’événement tous les soirs je regarde mes matchs et je clip les situations intéressantes pour retenir les points positifs et rectifier les points à améliorer.

Il y a-t-il une forme de compétition entre les différents arbitres français ?

Oui, il y a de la compétition et c’est normal. Si on souhaite évoluer il faut bosser dur, se challenger et être compétiteur. Mais nous sommes avant tout un groupe de Refs soudés. Pour certains, nous officions ensemble depuis plusieurs années, la compétition est saine et il y a également du soutien entre nous. Comme on dit que le meilleur gagne !

Quels sont tes objectifs maintenant ?

Continuer à bosser dur pour performer sur mes futures désignations ! Je ne me fixe pas de limite, j’irai où mon travail et mes performances m’emmèneront.

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