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Interview - Basketball Magazine

Marius Chambre : "Ils n’ont jamais voulu de moi parce que j’étais trop petit"

Par Antoine Lessard|2 avr. 2025
Itw   Marius Chambre
© @Chaproductions / UTLPB
Top passeur de Nationale Masculine 1, Marius Chambre (1,78 m, 26 ans) a une ambition, emmener l’Union Tarbes-Lourdes en Pro B. Ce serait la troisième accession dans sa carrière.

Vous êtes le meilleur passeur du championnat cette saison (6,5). Ce côté passeur a toujours été en vous depuis vos débuts ?

C’est venu petit à petit. Au début en pro, on ne te demande pas de scorer mais de défendre dur et de faire jouer ton équipe. Quand j’arrive à Tours (en 2019), il y a énormément de talent autour de moi. C’est à ce moment-là que je prends goût pour la passe. Aujourd’hui, je peux me permettre de faire plus de choses, car j’ai un statut différent.

Faire briller ses coéquipiers et apporter une menace extérieure, ce sont des qualités essentielles lorsqu’on mesure 1,80 m ?

Même un peu moins, 1,78 m en réalité (rires). Oui, c’est important d’être un meneur capable de lire le jeu, de faire la bonne passe au bon moment et de mettre ses coéquipiers en valeur. Ensuite, j’ai toujours été un bon shooteur étant jeune. Depuis Poitiers, j’ai eu l’opportunité de beaucoup plus tirer. C’est un atout de plus quand on est à la mène car cela permet d’étirer les défenses (il tourne à 34% à trois-points cette saison avec 6 tirs primés tentés par match).

Votre taille a-t-elle été un frein dans votre carrière ?

Clairement. Aujourd’hui, les petits meneurs reviennent un peu à la mode, grâce à T.J. Shorts (Paris Basketball) ou à Facundo Campazzo (Real Madrid) qui performent au plus haut niveau européen. Mais à mon époque, il fallait être grand et athlétique. On m’a fermé énormément de portes parce que je ne faisais pas 1,85 m. On ne regardait même pas mes qualités. Une anecdote : en U18, je suis champion de France contre le Limoges CSP. À la fin du match, le coach adverse me demande pourquoi je n’ai jamais voulu venir à Limoges. Je lui réponds que j’ai fait plusieurs fois leurs détections et qu’ils n’ont jamais voulu de moi parce que j’étais trop petit. Cela a longtemps été un frein et puis, à Orléans, je suis tombé sur des bonnes personnes, Germain Castano et Thomas Drouot, qui m’ont énormément aidé et m’ont fait passer un cap.

Des coéquipiers ont-ils joué un rôle important dans votre développement ?

Dans mes jeunes années, mes coéquipiers à Orléans, Kyle Mc Alarney, Brandon Jefferson, Miralem Halilovic, Malela Mutuale et d’autres, m’ont énormément aidé dans l’approche, l’éthique de travail. Ensuite, j’ai eu la chance de commencer chez les pros avec Aldo Curti comme mentor (Tours 2019-21). Il m’a fait passer un cap dans le leadership, faire jouer une équipe, défendre dur, être intelligent, patient. Je lui en suis reconnaissant.

Vous avez participé aux montées en Pro B de Tours et Poitiers. Y a-t-il une déception de ne pas avoir pu accompagner ces clubs à l’étage supérieur ?

Oui, j’étais déçu d’être coupé dans mon élan après ces belles épopées. Quand je m’investis dans un club, je suis toujours à 100 %. C’était frustrant mais cela m’a construit. Stéphane Dao et Valentin Yedra m’ont permis d’exploser à Tarbes. Je prends énormément de plaisir. J’ai envie de goûter à l’étage au-dessus, d’autant plus avec le club avec lequel j’ai vécu des choses.

Pour la première fois, vous êtes meneur numéro un, avec plus de 30 minutes par match. C’est le rôle que vous attendiez ?

Oui, en 2023, après Poitiers, j’ai l’opportunité de retrouver un ou deux gros clubs de la division et puis Tarbes arrive. Quand j’ai Stéphane au téléphone, il me fait comprendre qu’il a envie de j’explose à ce niveau-là. Il me donne totale confiance. Mon premier match, après un seul entraînement sans opposition, je joue directement 25 minutes. Pour moi, c’est un énorme changement. C’était ce que je recherchais. Je voulais jouer, m’éclater et j’ai pu le faire ici.

Tarbes-Lourdes a joué une demi-finale de playoffs en 2024, a encore un très bon bilan cette saison (21-9 fin mars). Qu’est-ce qui fait la force de ce club ?

Le club met les joueurs dans les meilleures conditions pour performer. On sait que le défaut de Tarbes est d’être loin des autres géographiquement. Les dirigeants font de gros efforts sur les déplacements. On voyage en bus couchettes, parfois l’avant-veille des matchs, on loge dans des hôtels de très bonne qualité. Ensuite, tout le monde est sur la même longueur d’onde. On a gardé 70 % de l’effectif. C’est-ce qui nous a permis de conserver une dynamique super positive. Il n’y a pas besoin de stars à tous les postes. Une vie de groupe, cela joue énormément. C’est ce qui se passe à Tarbes.

Avez-vous le sentiment de réaliser la saison la plus accomplie de ta carrière ?

Si elle débouche sur une montée en Pro B, oui. J’ai un rôle prépondérant, on performe donc c’est génial. Individuellement, c’est ma meilleure saison en carrière. Mes pourcentages sont meilleurs, mon ratio passes/balles perdues est meilleur, je tire un peu plus de lancer-francs. Cela veut dire que je suis plus juste dans le jeu.

L’accession passera a priori par un run en playoffs…

On est un peu distancé par Quimper et Le Havre mais on ne sait jamais ce qui peut arriver. La deuxième place est accessible sachant qu’on va rejouer Le Havre. On est en train de faire un bon début de poule haute, il faut continuer et se placer au mieux pour recevoir au maximum en playoffs. C’est toujours un avantage de jouer à domicile. Monter avec ce club, ce serait une façon de leur rendre tout ce qu’ils ont fait pour nous. Ce serait un juste retour des choses. Ils le méritent, et nous aussi !

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