- Une force de caractère
Sans faire offense à Chypre, les joueurs de l’île n’ont pas grand-chose à faire à l’EuroBasket et la Croatie peut nourrir une immense frustration à voir une équipe qu’elle a battue de 29 et 37 points disputer la compétition continentale alors qu’elle reste à quai pour la première fois de son histoire. Les deux rencontres de novembre constituaient donc un démarrage en douceur pour Frédéric Fauthoux. En février, l’entraîneur comme les joueurs ont subi un vrai test. En tombant tout d’abord dans un traquenard à Zadar, dans une minuscule salle chauffée à blanc tout en conservant leur tête et le contrôle pendant 40 minutes. "Il fallait montrer de la froideur, de l’humilité", a noté Frédéric Fauthoux. "On a montré de la sérénité, c’est ce qu’il faudra continuer à faire dans les compétitions à venir." 72 heures plus tard, bousculés par de rugueux bosniens, les Bleus ont fait la différence dans les derniers instants et une nouvelle fois démontré leur sang-froid. Globalement les progrès ont été évidents en trois mois. "Nous avons progressé sur le jeu que l’on veut mettre en place, notamment dans le jeu de passes", s’est félicité leur entraîneur. "Je trouve que les joueurs ont bien accepté le rôle qu’on leur a donné. On leur explique vers quoi on veut tendre et on cherche les joueurs qui peuvent coller par rapport à ce jeu. Des joueurs qui ont l’habitude de s’échanger les ballons sans oublier l’ADN des stops défensifs."
- Les spécialistes
Après celles de la Coupe du Monde 2019 (10 victoires-2 défaites), de l’EuroBasket 2022 (4 victoires-2 défaites) et de la Coupe du Monde 2023 (10 victoires-2 défaites), les Bleus ont une nouvelle fois parfaitement géré une phase de qualificiation. Et pour la première fois depuis la réinstauration des fenêtres FIBA, l’Équipe de France a conclu l’exercice invaincue. Six victoires, aucune défaite. Seule la Lettonie et la Serbie sont parvenues à en faire autant. "On rêve toujours de tout gagner, même si je pense que ça n’arrivera pas", sourit Frédéric Fauthoux. "En tout cas je ne connais ni joueur ni entraîneur qui gagne tout. Mais c’était quelque chose d’important pour poser les choses avec le staff et avec les joueurs. Dans des situations comme ça on ne pense pas qu’à soi mais dans la globalité. Terminer ces qualifications invaincus, c’est ça aussi qui était important et qu’on puisse travailler comme il faut pour la suite."
- Un groupe de 28
En trois fenêtres et six matches, l’Équipe de France aura utilisé 28 joueurs différents pour obtenir sa qualification. Et ceci sans que ses joueurs NBA aient été disponibles une seule fois. Le réservoir du Team France a une nouvelle fois fait la différence avec 10 éléments ayant fêté leur première sélection lors de cette phase de qualification, sans que les résultats ne s’en ressentent. Les rookies ont été guidés par quelques cadres et parmi eux Andrew Albicy. A 34 ans, le capitaine a disputé toutes les rencontres.
- Des renforts en route
Jusqu’à la fin prématurée de contrat d’Armel Traore aux Lakers, ils étaient 14 joueurs français à évoluer en NBA. Ils le sont encore avec la pige de Killian Hayes à Detroit. Et mis à part Nicolas Batum, officiellement retraité international, tous pourraient potentiellement prétendre à un strapontin en sélection. Ajoutez à cela quelques absents étiquetés EuroLeague (Vincent Poirier, Jaylen Hoard, Evan Fournier entre autres) ou des éléments que Frédéric Fauthoux n’a pas retenus en février (Nadir Hifi, Moustapha Fall…) et vous obtenez une équipe potentiellement largement remaniée. "C’est un jeu particulier que de trouver des joueurs qui immédiatement peuvent trouver des complémentarités", a remarqué l’entraîneur pour justifier ses choix. "Lors d’une campagne pour une compétition internationale on a le temps de travailler sur un groupe plus élargi pour tester les associations de joueurs." En juillet prochain, la donne pourrait donc changer et de nouveaux Bleus viendront apporter leur talent à un groupe déjà performant. Le staff technique aura alors près d’un mois pour concocter l’effectif le plus performant.
- Des présents séduisants
Le format des fenêtres favorise les révélations. Et les deux dernières auront incontestablement permis à un homme de grimper dans la hiérarchie des prétendants à une place à l’EuroBasket. En étant le meilleur joueur à l’évaluation des Bleus, Yoan Makoundou a démontré qu’à 24 ans, il avait franchi un cap. Plus mûr, plus réfléchi dans ses choix, l’ancien choletais est un phénomène athlétique digne de la NBA. Et lorsque les débats se sont faits plus durs lors des dernières minutes face à la Croatie ou dans un ultime quart-temps bouillant contre la Bosnie, c’est bien Makoundou qui a relevé le gant. Sa mobilité, son envergure, son timing ont fait des ravages et le poste 4 d’Ankara est bien plus qu’une machine à highlights. Dans son registre, Adam Mokoka a confirmé que sa dureté défensive demeurait un atout de poids. Enfin parmi les revenants, Timothé Luwawu-Cabarrot a affiché un volume de jeu intéressant tandis qu’Elie Okobo a confirmé qu’avec Frédéric Fauthoux, il était considéré comme l’un des principaux créateurs dans le jeu tricolore. "On observe bien sûr, je ne vais pas dire le contraire", a confirmé le coach. "Mais on ne peut pas totalement se projeter avec les absences des joueurs NBA. J’y pense mais la vérité de mi-juin ne sera pas celle de mi-février."