Samedi 17h15, mardi 17h15. 72 heures après son entrée dans le tournoi olympique, rien n’avait changé pour les Bleus, accueillis par 27 000 spectateurs encore plus enthousiastes que lors de leur première. Le frisson du premier après-midi n’avait pas disparu et le visage de Victor Wembanyama lors de la Marseillaise confirmait bien que le fantastique élan populaire qui suit la sélection à Lille pouvait porter les joueurs vers les sommets olympiques.
Même s’ils ne l’avoueront que du bout des lèvres, le deuxième match du tournoi contre le Japon ne devait constituer, pour les Français, qu’une formalité dans leur plan de marche vers Paris et les quarts de finale. Ils n’avaient sûrement pas prévu, en revanche, de transformer le premier quart-temps en un concours de tirs. Pas forcément la meilleure des idées face à une équipe adepte de l’exercice. L’objectif était également de ralentir des meneurs modèles réduits mais capables de semer la zizanie dans les défenses. Echec sur toute la ligne, Yuki Kawamura (1,72 m), s’est amusé, multipliant les raids solitaires pour signer 10 points en six minutes pour garder ses troupes au contact (19-18).
Fort heureusement, les Tricolores avaient l’avantage physique au rebond offensif et le compas dans l’œil de loin, à l’image de Guerschon Yabusele et Isaïa Cordinier, dont les entrées en jeu entraînaient le premier écart après un feu d’artifice offensif (32-25). Mais en jouant sur un tempo favorable aux Japonais, les Bleus s’exposaient potentiellement à un retour de flamme. Et faute d’avoir enfoncé le clou face à un banc asiatique plutôt limité, ils voyaient l’intérieur des Lakers Rui Hachimura, porter les siens bien plus efficacement que contre l’Allemagne. Rudy Gobert avait beau dominer sous les panneaux, Evan Fournier retrouver ses sensations de scoreur et Victor Wembanyama transformer en points chaque ballon touché ou presque (10 pts, 4 pds à 100% de réussite), le Japon restait au contact.
Pire même, malgré un cinq clairement estampillé défense (Batum, Coulibaly, Ntilikina) les Bleus prenaient l’eau en l’espace de trois minutes. Kawamura poursuivait ses promenades pour servir notamment le pivot naturalisé Josh Hawkinson, danger public de loin et instigateur d’un embarrassant 2-11 express pour repasser en tête (51-55). Les champions du Monde allemands, tout en maîtrise, avaient su se rendre le match facile samedi soir. La France est loin de dominer son sujet de la sorte.
Mais, comme face au Brésil, elle parvient à trouver sur son banc à rallonge des solutions pour se tirer de tous les mauvais pas. Yabusele redoutable d'adresse était rejoint par un Matthew Strazel inspiré (72-64). Le meneur, au sourire enjôleur et au shoot de velours, retrouvait comme remplaçant la réussite qu'il avait perdue comme titulaire pour détendre quelque peu le public du Stade Pierre Mauroy. Le tournant du match aurait dû avoir lieu à huit minutes de la fin. Alors qu'Hachimura enchaînait deux tirs primés pour recoller, il commettait une deuxième faute anti-sportive synonyme d'exclusion.
Sans son meilleur marqueur, le Japon paraissait terriblement vulnérable. Mais Kawamura mettait au supplice une défense incapable de le ralentir dans ses prises d'intervalles. A une minute du buzzer il avait redonné l'avantage aux siens (77-80) et ne tremblait pas ensuite sur la ligne des lancers-francs. Il fallait un 3+1 miraculeux de Strazel pour envoyer le match en prolongation alors que tout semblait perdu.
Cinq minutes supplémentaires dominées par Victor Wembanyama, auteur de 8 points consécutifs et d'un contre magistral pour définitivement se sortir d'un bien mauvais pas.