Attention danger
C'est un rendez-vous toujours particulier auquel avait droit la France pour son dernier match de poule. A la suite d'une cruelle défaite on a connu remise en selle plus aisée qu'un affrontement avec les Etats-Unis. Mais rien de tel également pour motiver un groupe débarqué en Serbie avec les plus hautes aspirations.
Les Américains eux-mêmes avaient été prévenus du caractère explosif de ce face à face par leur entraîneur Jerry Wainwright, auteur de commentaires très élogieux sur la qualité du jeu français lors de la première phase. Et le coach de DePaul n'a certainement pas été déçu du début de rencontre de ses protégés. Grâce à leurs mains toujours aussi rapides en défense, les boys s'offrent plusieurs interceptions et Michael Beasley, attendu dans le top 5 de la prochaine draft, fait apprécier son mélange de puissance et de vitesse (7-11, 5e). Mais la France compte également dans ses rangs un joueur qui sera sans doute appelé très haut par les franchises NBA dans le futur. Nicolas Batum, très affecté par le revers de la veille, est omniprésent dans le registre qui lui convient le mieux, celui de la polyvalence. Ses bras tentaculaires gobent tous les rebonds et il se montre très agressif dans l'attaque du cercle. L'adresse disparue contre les Serbes refait son apparition et les Bleuets s'offrent un 12-2 du meilleur effet pour conclure le quart-temps. Autre point positif, un rebond dominateur (12-7).
Mais les Américains, contrairement à certaines idées reçues, disposent de shooteurs extérieurs de grande qualité. Meilleure équipe du tournoi à trois-points, ils recollent rapidement sur une flèche lointaine du minuscule Tajuan Porter (22-22). La zone mise en place par Wainwright est efficace jusqu'à ce qu'Edwin Jackson sorte de sa boîte. Resté muet mardi le shooteur du CFBB débute difficilement son match mais démontre que sa confiance n'est jamais ébranlée. Il retrouve sa patte, enquille les paniers pour refaire un écart à moins de trois minutes de la mi-temps (32-26). Hélas, cette poussée de fièvre sera sans lendemain et la France, mis à part via Moerman aux lancers-francs, ne va plus trouver le chemin du cercle. Les Etats-Unis affichent une meilleure alternance intérieure-extérieure et signent un 13-3 qui les propulse en tête (35-39).
Un dunk énorme suivi d'un contre tout aussi spectaculaire d'Alexis Ajinca lancent la deuxième mi-temps de la meilleure des manières. Mais les Américains, un moment en difficulté, vont hausser leur niveau défensif. Et le duo d'arrières Patrick Beverley, freshman à Arkansas, Jonny Flynn, futur pensionnaire de Syracuse, va s'avérer un casse-tête insoluble. Le précieux David Lighty se sacrifie pour éteindre totalement Nicolas Batum et après qu'un Abdoulaye M'Baye volontaire ait entrentenu l'espoir (53-54, 28e), la vague US va tout emporter sur son passage. Le jeu offensif tricolore se délite complètement et la France va vivre 6 minutes et 17 secondes d'enfer à cheval sur le troisième et le quatrième quart-temps : 20-0 !
Un véritable K.-O. dont les Champions d'Europe ne se relèveront pas en dépit d'un dernier baroud d'honneur alors que les Américains ont baissé leur garde et multiplient les balles perdues. Un tir longue distance d'Edwin Jackson fait même croire au miracle à 90 secondes de la fin alors que la panique commence à gagner les favoris du tournoi (79-85) . Nicolas Batum l'imite (82-87) quelques secondes plus tard mais les Bleuets décident de ne pas faire faute sur les dernières possessions et s'inclinent pour la deuxième fois de suite. Une victoire de moins de 11 points n'aurait de toute façon pas changé le classement de la poule. C'est l'Espagne qui se dresse désormais sur leur route pour les quarts de finale vendredi, à 20h30.
Abdoulaye M'Baye, 12 points, 4 rebonds
"Nous avons abordé ce match sans pression puisque l'on savait que nous étions qualifiés pour les quarts de finale. Donc c'était comme un match de préparation mais un peu différent puisque l'on veut toujours jouer contre les Etats-Unis. Donc on voulait faire un gros truc et le plus important c'était de ne pas faire de complexe. On a connu une petite baisse d'intensité et eux, en revanche, ont été bien plus agressifs dans le quatrième quart-temps. Nous avons été surpris et nous n'avons pas répondu à cette pression. En fait ils sont beaucoup plus physiques que les équipes européennes et donc on ne rencontre jamais ce genre d'équipe, aussi athlétique que nous. Maintenant on espère simplement les retrouver en demi-finale."
