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Equipe de France masculine

"Chacun doit prendre ses responsabilités"

22/09/2007
Après quelques jours de réflexion, le Président de la Fédération Française de BasketBall, Yvan Mainini, livre ses impressions sur le Championnat d’Europe qui a vu la France terminer à la 8e place, disant ainsi adieu aux Jeux Olympiques.

Une semaine après la défaite face à la Slovénie pour la 7e place, quel sentiment prédomine ?

La déception. Les Jeux Olympiques restent la compétition majeure et y participer est une récompense pour une catégorie de joueurs. Médiatiquement c’est un rendez-vous colossal surtout que le basket français a de vraies stars sur le plan sportif. Notre absence me rend réellement triste. Je suis déçu et je pense que je ne suis pas le seul. L’ensemble du basket français l’est également. C’est dur à vivre. Cela me fait m’interroger. Je travaille depuis 15 ans et en permanence pour que le basket français grandisse. Aujourd’hui je suis triste.

Dans ces circonstances l’entraîneur constitue souvent le premier fusible…

Clouer le coach au pilori ne m’intéresse pas. J’ai besoin de temps parce qu’à l’intérieur de moi, j’ai de la colère. Je recevrai Claude Bergeaud après le Championnat d’Europe féminin. Il est inutile de juger les choses à chaud. On ne juge pas les gens sans les avoir entendus. C’est un principe de base. Claude travaille. Et il travaille dur. A son crédit il a eu des résultats et il a su revaloriser l’idée de venir en Équipe de France. Mais j’ai des questions à poser à Claude Bergeaud. La sélection connue à l’avance par exemple. Où est la concurrence ? J’estime qu’elle est formatrice au plan mental lorsqu’il faut se battre pour gagner sa place. Les trois matches de préparation ensuite face à la Slovénie me semblent également malvenus avant de les jouer à l’Euro. S’il avait fallu trouver d’autres matches du fait de l’annulation du Tournoi de Maribor, nous l’aurions fait. Ensuite je n’ai pas compris certaines décisions de coaching concernant les rotations des joueurs. Ce qu’il faut reconnaître c’est qu’outre la place, la manière était particulièrement décevante. Je ne suis pas aussi affirmatif que certains concernant le terme de "bouillie de basket" que j’ai pu entendre ici ou là. Mais ce qui me gêne le plus c’est la perte de l’identité défensive que l’on avait. Une donnée qui était à la base de notre réussite. Encaisser 90 points contre certaines équipes ce n’est pas normal.

Quel est l’avenir de Claude Bergeaud avec les Bleus ?

J’ai besoin de le voir et de lui parler avant toute décision. Savoir s’il a l’intention de démissionner ou non. Il appartient à un coach de déterminer ce qu’il veut faire en son âme et conscience, de savoir comment il analyse la situation. Mais attention il n’est pas question de faire porter à un seul homme la responsabilité de cet échec. Chacun doit assumer sa part. Notre formation d’entraîneur par exemple dans le domaine de la préparation mentale des joueurs est insuffisante. Des joueurs s’effondrent à chaque fois dans les fins de match. Et c’est une chose que l’on retrouve chez les jeunes. Il faut impérativement le prendre en compte. Il y a un manque de dureté mentale et physique.

Des joueurs comme Boris Diaw ou Tony Parker se sont interrogés sur le bien fondé d’un éventuel remplacement. Qu’en pensez-vous ?

J’aime beaucoup Boris et Tony et j’ai également eu l’occasion de discuter de la situation avec eux. Ce qui est publié dans la presse n’est pas toujours le reflet de la réalité. Mais je préfère garder ces échanges pour moi.

Les joueurs ont assisté à la finale de l’Euro dans une loge, à vos côtés, avez-vous beaucoup discuté avec eux à cette occasion ?

Ils sont presque tous passés s’asseoir à côté de moi. Tony Parker m’a dit qu’il reviendrait quand l’équipe aura besoin de lui. Boris Diaw n’était pas très à l’aise par rapport à sa prestation à l’Euro. J’ai félicité Pape Badiane par exemple que j’ai trouvé exemplaire.

Vous êtes-vous fixé une date pour déterminer l’identité de l’entraîneur de l’Equipe de France ?

Oui. L’Equipe de France doit avoir un coach en janvier afin de caler la préparation pour les prochaines échéances.

Souhaitez-vous éventuellement faire appel à un entraîneur étranger ?

Peu importe la nationalité. Dans un système complètement mondialisé… Quand on voit David Blatt. Un Américain qui dirige des Russes. C’est intéressant. Mais de toute façon, il n’y a pas d’homme providentiel capable de régler tout, tout seul.

Après un résultat aussi décevant, la gestion de l’équipe nationale par la Fédération peut-elle être remise en cause ?

Que l’on parle des choses qui ne vont pas et comment les améliorer, je l’accepte. Mais que l’on transforme en problème structurel ce qui est d’abord un problème de terrain, c’est inacceptable. La question que je me pose c’est : qu’est-ce que la Fédération peut faire de plus ? Moi je suis prêt à investir encore plus s’il le faut. Mais cela apportera-t-il des résultats ? Jamais nous n’avons fait autant au niveau de la communication et des relations presse. J’en profite d’ailleurs pour remercier les partenaires qui nous ont soutenus et qui continueront de le faire dans une période difficile. Concernant l’encadrement de l’équipe, outre l’assurance de Boris Diaw, que je mets de côté, nous avons tout mis en œuvre pour réussir. Cela faisait des années que l’on nous réclamait un tournoi à Paris. Cela a été fait. Les conditions de préparation ? J’ai l’impression que le Grand Hôtel de Divonne ou le Château de L’Ile à Strasbourg sont des lieux plutôt agréables pour se préparer. Les déplacements ? Nous avons pris un avion privé pour rejoindre l’Espagne. Que peut-on faire de plus ? A part les Espagnols qui étaient à la maison, je voudrais savoir quelles sont les fédérations européennes qui ont consommé autant de moyens pour cet Euro.

Une polémique est née de la gestion du cas d’Aymeric Jeanneau. Quel est votre avis sur la question ?

Je réfute que le problème ait été un problème d’ordre médical. Le staff technique pouvait tout à fait choisir de faire revenir Aymeric Jeanneau et qu’il rate le début de l’Euro.

Claude Bergeaud oppose souvent dans ses discours la NBA et l’Europe. Êtes-vous sensible à ces arguments ?

Moi je réponds l’inverse de ça. Je ne veux pas entendre un discours qui oppose les gens. Cela fait des années que l’on travaille pour avoir de bonnes relations avec les franchises NBA. De bonnes relations que j’espère conserver. Incontestablement le championnat qui reste le plus attractif sur la planète, c’est celui là. On peut discuter la manière de faire mais il appartient à tout le monde de respecter ce qui s’y fait.

Quelles sont les perspectives désormais pour l’équipe nationale ?

Il faut désormais se concentrer sur les qualifications pour l’Euro 2009 et faire preuve d’ambition. Pas pour demain mais tout de suite. Nous connaîtrons le format précis de ces qualifications les 10 et 11 novembre prochains lors du Bureau Européen de la FIBA à Prague. Ces matches vont nous offrir une fenêtre médiatique avec des matches à domicile. Et d’après les premières discussions que j’ai pu avoir, je pense que certains joueurs NBA viendront. Aujourd’hui la compétition européenne est extrêmement relevée et difficile. Il n’y a qu’à voir la Serbie qui a dominé le basket mondial pendant des années, l’Italie, vice-championne olympique en titre ou la Turquie, qui organisera le Mondial 2010. Un désenchantement est inévitable par moment. Les matches se jouent à tellement peu de choses.

Ce rendez-vous peut-il être l’occasion d’accélérer le processus d’intégration de jeunes joueurs en sélection ?

Eventuellement. Je ne suis pas coach. Je ne sais pas si je sélectionnerais Nicolas Batum. Il y a un concept que je défends depuis longtemps auprès de Jean-Pierre De Vincenzi, le Directeur Technique National. Même si les mômes ne sont pas suffisamment matures, même s’ils cirent le banc, ils glanent une expérience immense en participant à un Euro ou un Mondial. Cette expérience est ensuite bénéfique lorsqu’ils sont opérationnels. Et on sait très bien qu’on ne joue pas à 12 une compétition. On peut très bien imaginer que la future Équipe de France sera un mixte entre deux générations championnes d’Europe juniors. Les 2000 et les 2006. Il y a des joueurs, des moyens. Le basket français a formé de nombreux joueurs. Il continue de le faire et je suis convaincu qu’il y en aura suffisamment pour construire une équipe de qualité.

Propos recueillis par Julien Guérineau, Service de Presse FFBB.