Vous avez remporté le trophée Alain Gilles 2024 en devançant Guerschon Yabusele, Mathias Lessort et Victor Wembanyama. Que vous inspire ce classement ?
Je n’en reviens pas ! Ce sont de grands joueurs et moi je suis fan. Après la déception de la finale des Jeux Olympiques j’ai vraiment ressenti à quel point nous avons fait vibrer les gens, à quel point ils ont été inspirés. Aujourd’hui encore on me parle de ce match. Ça me touche. C’était vraiment mon but de rendre fière la France pendant les Jeux Olympiques.
Avez-vous conscience que vos larmes à l’issue de la finale ont été une des images marquantes des Jeux ?
Je ne m’attendais pas à ça. En plus quand tu es dans le match tu ne penses à rien d’autre. Pendant toute la compétition j’ai essayé d’éviter toute distraction autour de moi. Que ce soit positif ou négatif. C’est quand j’ai pu souffler et comprendre ce qu’on venait d’accomplir que j’ai réalisé. Et c’était un moment important pour le basket féminin je pense. L’attention autour de nous a fait qu’on a pu marquer les gens, leur offrir des souvenirs.
La campagne olympique est ce qui vous a permis de remporter le trophée Alain Gilles alors que votre saison de club a été délicate…
La saison a été compliquée avec Lyon. J’avais des problèmes personnels. Pourtant je faisais une bonne saison et j’étais déçue de partir parce que je savais que l’équipe avait besoin de moi (19,9 pts, 6,8 rbds, 3,9 pds en 11 matches seulement). Mais il y a des choses plus importantes que le basket dans la vie. Les Jeux c’était une deuxième chance de jouer devant le public français. Cela a sans doute changé la perception de mon année. Je ne vais pas en garder que de mauvais souvenirs.
Vous avez fait de nombreux sacrifices, notamment vis-à-vis de votre carrière en WNBA, pour prioriser l’Équipe de France depuis 2021. Vos deux médailles olympiques valident-elles ces choix ?
Je n’avais pas besoin de valider ces choix auprès des autres. Pour moi c’était validé depuis le début. Depuis mon premier match avec les Bleues. Vraiment. C’était mon rêve. Mais je suis quand même contente que les gens comprennent mes choix. Et qu’ils réalisent que le basket existe en dehors des Etats-Unis. Ouvrir des yeux. Ce que j’ai vécu aux Jeux ce sont des choses qu’on ne vit qu’une fois dans une vie.
Après deux médailles olympiques et une médaille d’argent européenne, avez-vous encore la flamme pour poursuivre votre investissement avec les Bleues ?
On n’a toujours rien gagné ! Donc bien sûr. Je suis heureuse et fière de nos résultats. Mais j’ai envie de plus. D’un autre côté, en ce moment, je suis concentré sur Fenerbahçe. Il y a cinq trophées à gagner. J’en ai déjà un. C’est à ça que je pense.
Vous avez insisté sur votre volonté de faire évoluer les mentalités françaises, en particulier en ce qui concerne l’ambition, la volonté de gagner. Estimez-vous y être parvenue ?
C’est toujours work in progress. Mais avec la nouvelle génération de joueuses, quand j’ai vu le visage de mes coéquipières après la finale, quand j’ai vu les familles, ça m’a rassuré pour le futur. Quand nous avons perdu en finale de l’Euro ou en demi-finale des Jeux, j’avais la sensation qu’on se disait : ça va aller, on verra à la prochaine compétition. Le sentiment après les Etats-Unis était complètement différent. Je sens que ce groupe croit vraiment qu’on peut être la meilleure équipe du monde. J’ai vu Leila Lacan pleurer. J’ai vu la famille de Dominique Malonga qui n’attendait que l’or. Il faut avoir ce sentiment d’être la meilleure équipe pour gagner l’or.
Après Paris 2024 c’est Los Angeles 2028 qui se profile. Les Jeux aux États-Unis sont-ils une perspective qui vous motive particulièrement ?
Je sais que ça peut être spécial. Mais c’est dans quatre ans. C’est trop loin. Je fonctionne étape après étape. Fenerbahçe. La fenêtre de novembre avec l’Équipe de France. 2028 ? Commençons par novembre 2024.
Pour devenir championne d’Europe en 2025 ?
Je veux être championne de tout !