Equipe de France féminine

Héroïques et argentées

Par Julien Guérineau|11 août 2024
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L’Équipe de France féminine a livré un combat mémorable face aux États-Unis avant de céder dans les toutes dernières secondes (66-67). Elle monte sur la deuxième marche du podium de Paris 2024.

Le couronnement de Charlemagne. La prise de la Bastille. La bataille d’Austerlitz. Le débarquement. Battre les Américaines aux Jeux Olympiques rentrerait presque immédiatement dans les livres d’histoire. Plus encore que leurs homologues masculins, les féminines de USA Basketball sont la définition (ou presque) de l’invincibilité. 32 ans sans connaître une défaite olympique, soit 60 victoires consécutives. Empêcher cette escouade de conquérir sa huitième médaille d’or consécutive tenait donc de la gageure absolue.

Et le public l’a rapidement compris. La dimension physique des Américaines change tous les repères habituels du basket féminin. Chaque démarquage s’avère plus compliqué, chaque tir plus contesté. Et en présence d’un trio arbitral décidé à avaler son sifflet (deux fautes US en 20 minutes !) la finale a tourné à la guerre de tranchée. Un spectacle d’une pauvreté absolue offensivement avec une adresse famélique des deux côtés, sous la barre des 30%.

Mais si les Bleues manquaient de précision, elles ne manquaient pas, en revanche, de cœur. Pendant toute la première mi-temps elles ont livré un combat remarquable, faisant preuve d’une dureté et d’une agressivité qui a perturbé une équipe habituée à marcher sur ses adversaires et qui, soudainement, faisait face à une résistance inattendue. Présentes au rebond et surtout capables d’appliquer une pression folle sur la balle à l’image d’un passage en mode cleptomane de Sarah Michel Boury, les joueuses de Jean-Aimé Toupane, au lieu de tirer la langue et de craquer au premier coup dur (9-15), s’accrochaient de plus belle.

Un tir à dix mètres, au buzzer, de Marine Fauthoux plongeait l’Arena Bercy en plein extase (23-23). D’autant que la Landaise récidivait, à peine revenue des vestiaires, imitée quelques secondes plus tard par Valériane Ayayi. Les joueurs de l’Équipe de France, médaille autour du cou, bondissaient comme un seul homme, se mettant à croire à l’impossible exploit. Un 10-0 en trois minutes forçait Cheryl Reeve à stopper l’hémorragie. La quadruple championne WNBA trouvait les mots justes et en Kelsey Plum une shooteuse capable de desserrer l’étau.

Irrémédiablement, les Américaines grignotaient leur retard et, malgré les efforts de Leïla Lacan, reprenaient le contrôle des opérations (40-43). La double MVP WNBA A’ja Wilson devait s’employer comme jamais et pesait chaque minute un peu plus dans la raquette. Mais la digue ne cédait pas et à l’approche du money-time l’or restait indécis (50-50). Le chassé-croisé se poursuivait jusqu’au bout et les Bleus pouvaient profondément regretter plusieurs tirs à trois-points ouverts qui ne trouvaient pas leur cible. Gabby Williams entretenait l'espoir quasiment jusqu'au bout mais une pénétration de Kahleah Copper et des lancers-francs de Plum faisaient la différence alors que Williams décochait un tir sur le buzzer quelques centimètres à l'intérieur de la ligne primée, privant la France, héroïque, d'une prolongation.

Après avoir donné la peur de leur vie aux championnes olympiques, l’Équipe de France féminine monte sur le podium pour la troisième fois en quatre olympiades, avec dans son effectif cinq joueuses de 23 ans et moins. Un pari réussi. Pour aujourd'hui comme pour demain.